Croire ou ne pas croire ? Les faits importent peu

Dissonance cognitive et effet rebond : lorsque notre vision du monde est menacée par des faits nouveaux, nous choisissons  souvent de les minorer/ignorer pour «réduire la tension inconfortable qui survient lorsque l’on considère deux idées contradictoires simultanément».  Pire, la contradiction pourrait renforcer notre croyance erronée, pour n’avoir pas à assumer une erreur qui remettrait en cause nos conceptions.

En ce début d’année, marqué par les « alternative facts » et autres « fakes news« , deux articles se font écho notre tendance à rejeter des faits démontrés s’ils ne vont pas dans le « bon sens ».

Dissonance

Sur l’excellent blog Passeur de sciences,  Pierre Barthélémy nous résume une étude qui montre que les professionel eux-mêmes ne sont pas à l’abri du «négationnisme scientifique» :

Si cette adhésion nous exclut de la famille avec laquelle nous nous sentons en communion de pensée, il est probable que nous n’en prendrons pas le risque parce que cette dissonance cognitive serait difficilement supportable.

Backfire

Tenter de corriger les erreurs factuelles d’une personne peut avoir l’effet inverse : l’individu renforcera ses croyances en échafaudant toute sorte de théories qui pourraient expliquer ces faits sans mettre en cause son point de vue; c’est l’effet Backfire ou Rebond. C’est généralement à ce moment qu’apparaissent les théories du complot, tout argument contre le complot pouvant être expliqué par le complot lui-même ! La revue pourlascience.fr nous donne quelques pistes pour convaincre les gens qu’ils sont dans l’erreur (traduction de l’article How to Convince Someone When Facts Fail)

  1. Mettre ses émotions de côté.
  2. Discuter, ne pas attaquer (pas d’attaque ad hominem ni de point Godwin).
  3. Ecouter attentivement et essayer de d’analyser la position de votre interlocuteur avec précision.
  4. Montrer du respect.
  5. Reconnaître que vous comprenez pourquoi quelqu’un peut soutenir cette opinion.
  6. Essayer de montrer comment changer de vision des faits n’implique pas nécessairement de changer de vision du monde.

 

Débat d’idées : récit d’un échec

Enfin, il peut arriver que la discussion soit simplement impossible et qu’elle engendre de la violence de la part de celui dont on remet les idées en cause. Récit d’Acermendax de la chaîne YouTube La tronche en biais (spécialistes intersidéraux de la zététique).

La violence de la croyance

Il faut donc que la pratique de la zététique se fasse toujours en ayant conscience que notre action peut être perçue comme une agression

Le #pizzagate va trop loin …

Les partisans du « Pizzagate » sont convaincus qu’Hillary Clinton utilise une pizzeria de Washington comme QG pour gérer un réseau pédophile. Une théorie du complot absurde devenue virale sur Internet, qui a poussé un homme à ouvrir le feu dans l’établissement ce dimanche

À lire sur Numerama : « Pizzagate » : la théorie du complot tourne à l’intervention armée

Entretemps, le fils de Michael T. Flynn, conseiller à la sécurité de Donald Trump, a été »limogé » de l’équipe de transition de Donal Trump suite à ce tweet :

Rappelons que le père de ce petit malin a lui même largement contribué à répandre les rumeurs les plus folles durant la campagne présidentielle :

Cet ancien militaire ne s’est pas exprimé directement sur le Comet Ping Pong, mais n’a cessé de retweeter des informations fausses clamant qu’Obama est un djihadiste qui blanchit de l’argent pour le compte des terroristes, qu’Hillary a lancé une guerre secrète contre l’Église catholique, et que John Podesta a participé à des rituels macabres dans lesquels on consomme du sang, du sperme et de l’urine…